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CHAPITRE TROISIÈME.



dent-de-loup.


Le soir même où se passèrent les événements qui précèdent, plusieurs vaisseaux de haut-bord, ainsi qu’un grand nombre de transports de divers tonnages, étaient mouillés au pied de l’île d’Orléans, vis-à-vis l’église Saint-Laurent de l’Arbre-Sec. C’étaient les trente-quatre voiles de Sir William Phips, dont nous expliquerons plus loin l’arrivée subite à la pointe est de l’Île.

La nuit vient vite en octobre ; aussi l’obscurité régnait-elle autour de la flotte sur les sept heures du soir, lorsque la lumière d’un falot brilla soudain sur le pont du vaisseau amiral. Après l’avoir traversé dans sa largeur, elle s’arrêta pour se pencher à bâbord. On put alors voir deux hommes se cramponner d’une main à l’échelle qui descendait sur le flanc du navire, et tenir de l’autre, par chacune des extrémités, un léger canot d’écorce.

La pirogue fut descendue avec mille précautions et mise à l’eau, Enfin, l’un des hommes passant à bord de la frêle embarcation, s’y agenouilla, tout en s’armant d’une pagaie qu’il saisit d’une main nerveuse. D’un coup d’aviron, il fit retourner le canot que la marée montante éloignait déjà du navire, et vint se placer de manière à pouvoir parler à voix basse avec son compagnon. Celui-ci descendit sur le dernier échelon, quitte à se faire mouiller les pieds par les