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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Ils tendirent l’oreille, sondèrent des yeux la nuit, explorèrent les alentours, mais vainement ; l’ombre qu’ils avaient poursuivie s’était évanouie comme un fantôme.

Jugeant alors toute autre recherche inutile, Bienville et d’Orsy revinrent sur leurs pas.

De retour à la maison, ils virent Marie-Louise occupée à charger les pistolets de son frère. Les deux jeunes gens ne purent s’empêcher de sourire, mais ne trouvèrent cependant rien de bien étrange en cela.

Car en ces temps de guerre où la surprise et l’attaque marchaient de front et se répétaient si souvent, le maniement des armes à feu n’était pas étranger aux dames canadiennes. Quelques-unes même surent s’illustrer à jamais par le sang froid et la bravoure qu’elles déployèrent en certaines occasions critiques : Madame de Verchères et sa fille, par exemple, qui ont leur nom écrit dans l’histoire, aussi bien que Jeanne Hachette et autres femmes de cette forte trempe.

— Allons ! allons ! charmante amazone, dit en souriant Bienville à sa fiancée, laissez-là ces armes qui vont si mal à vos jolis doigts, et dites-nous ce qui a causé votre frayeur.

— Mon Dieu ! fit-elle en frissonnant, il me semble voir encore cette figure hideuse qui était collée à la fenêtre, et me regardait avec des yeux ardents !

— C’est une illusion, repartit François qui, voulant ôter toute inquiétude à son amante, ajouta :

— D’ailleurs, nous n’avons rien vu.

— Absolument rien ?

— Rien.

— C’est étrange, pourtant

— Voyons, remettez-vous. Je vais retourner au