Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

tunes avait produit un grand abaissement corporel et moral.

Alors, Louis donna des leçons de français et d’escrime, grâce auxquelles il put prolonger un peu la vie défaillante de son père et empêcher sa jeune sœur Marie-Louise de mourir de faim. Quant à lui, peu de choses lui suffisait.

Ils avaient bien écrit à leur tante de France en quel dénûment ils se trouvaient ; mais la réponse tardait à venir. Car alors, les communications étaient des plus difficiles et des plus lentes entre les rives des deux continents ; et le moindre accident qui survenait augmentait encore et de beaucoup les retards.

Enfin, après avoir langui jusqu’à l’année 1687, par un soir d’été, comme le soleil se couchait et empourprait au loin l’océan que le mourant apercevait par la fenêtre, le baron s’éteignit doucement en donnant une dernière pensée à la France, le pauvre captif, avec la dernière larme de son cœur à ses enfants, le pauvre père !

Louis n’était pas encore de retour, et Marie-Louise restée seule préparait, en ce moment, le très-modeste repas du soir.

Entendant son père pousser un long soupir, elle s’approche de son lit et lui demande s’il n’a besoin de rien ; mais sa question reste sans réponse. Inquiète, elle se penche sur lui, et s’aperçoit qu’il n’est plus…

Éperdue de douleur, elle jette des cris perçants et s’évanouit.

À ce moment, un officier anglais passait dans la rue et devant la maison. Lorsqu’il entend cette voix de femme, qui lui semble appeler au secours, il s’arrête et se précipite, par une porte entr’ouverte, dans l’escalier qui paraît conduire à l’endroit d’où proviennent