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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

dans un adieu suprême. Puis sa tête s’affaissa lentement et il mourut.[1]

C’est ainsi que finit Bienville, blessé mortellement au service de la patrie, appuyé sur un arbre, comme Bayard ; et, ainsi que le chevalier sans peur et sans reproche, donnant sa pensée dernière à sa dame et à son Dieu.

— Pauvre Marie-Louise ! dit Crisasy au milieu de ses larmes, elle avait bien raison de prévoir un malheur. Rien ne saura l’empêcher désormais de rester au cloître où elle voudra certainement mourir.

— Je vais reprendre ma vie des bois, grommela Bras-de-Fer d’une voix sombre ; et quand j’aurai tué assez d’Iroquois et d’Anglais pour venger mes maîtres, il sera temps alors de partir à mon tour !

La charpente de la maison brûlait jusqu’au faîte et l’on voyait courir les douze Iroquois au milieu des flammes et de la fumée. On aurait dit des damnés se tordant dans le souffre embrasé de l’abîme éternel.

Quelques explosions retentirent et de puissants souffles de feu chassèrent la fumée jusqu’au toit. C’étaient les cornes à poudre qui éclataient sur leurs porteurs.

On aperçut alors le toit chanceler, s’effondrer et tomber au dedans avec fracas. Durant quelques secondes la grande silhouette de Dent-de-Loup, le seul survivant, se détacha sur le fond rouge du brasier.

  1. « Alors ceux qui étaient restés dans la maison se mirent en défense et Bienville s’étant trop approché d’une fenêtre fut renversé mort d’un coup de fusil. Son nom fut donné, après sa mort, à un de ses frères, alors fort jeune, et qui est maintenant gouverneur de la Louisiane. » Charlevoix, tome 2, p. 95.