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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Peu faite pour résister à de pareilles secousses, la porte allait céder quand, par un soupirail qui s’ouvrait sur la cave, sortit la gueule d’un mousquet.

Cette ouverture était à fleur du sol, et personne n’apercevait l’arme menaçante.

Celui qui aurait abaissé ses regards dans cette direction aurait vu pourtant la diabolique figure de Dent-de-Loup, éclairée dans l’ombre de la cave par la lueur d’une mèche dont il ravivait la flamme d’un souffle empressé.

Son œil de tigre se coucha sur la crosse du mousquet dont l’amorce prit feu.

Bienville reçut toute la charge dans le côté droit et tomba.

— Massacre et sang ! ils l’ont tué ! s’écria Bras-de-Fer.

— Non Pierre,… je ne suis pas encore mort, dit Bienville qui se souleva péniblement sur le coude, sourit et laissa voir une affreuse blessure d’où le sang coulait à flots.

On entendit en ce moment un rire féroce qui semblait sortir de sous terre.

Dent-de-Loup était content.

Pierre prit son jeune maître dans ses bras et l’emporta hors du champ de bataille.

— Par la mordieu ! brûlons-les ! cria le chevalier de Vaudreuil. Allons ! mettez le feu à la maison et que ces bandits y meurent comme des chiens ![1]

Cependant Bras-de-Fer avait déposé Bienville en arrière d’un gros arbre qui protégeait le blessé contre les atteintes des balles.

  1. Charlevoix, tome II, p. 95.