Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/285

Cette page a été validée par deux contributeurs.
288
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

leur réalisation. Ô Marie-Louise ! combien nous allons nous aimer après une séparation si cruelle ! Qu’il fait bon vivre quand on a vingt ans et qu’on peut espérer en aimant !

Nos Canadiens parcoururent en moins d’une heure et demie de marche les deux lieues qui séparent Lachenaye de Repentigny, et firent halte à quelques arpents de ce dernier village.

Ici le chevalier de Vaudreuil dit à Bras-de-Fer :

— Vous allez suivre un des hommes de M. de la Mine, qui connaît la position de cette maison où les Iroquois se sont retranchés. Quand vous l’aurez reconnue et constaté la présence de l’ennemi, vous viendrez nous rejoindre pour nous guider sûrement ; car les connaissances que vous avez acquises comme coureur des bois me font vous donner plus de confiance qu’à cet homme-là.

— Bien ! mon commandant, fit Pierre Martel en se redressant sous le coup de cet éloge. Est-ce tout ?

— Oui, partez.

L’on vit aussitôt Bras-de-Fer disparaître dans la nuit en marchant courbé sur le sol ; manœuvre que l’autre Canadien s’empressa d’imiter.

Vingt minutes plus tard on les vit reparaître.

— Eh bien ? demanda M. de Vaudreuil à Pierre.

— Nous avons vu la cage, mon commandant, et si la porte en est ouverte, les oiseaux ne s’en sont pas plus envolés pour cela.

— Que veux-tu dire ?

— Une douzaine d’Iroquois, au moins, sont couchés devant la maison et dorment aussi tranquillement que