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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

bonheur imprévu qui vous arrive. Car n’est-ce pas que vous allez suivre les conseils de votre ami ?

— Dame.

— Mais parbleu ! mon bon ; vous n’irez pas, j’imagine tourner le dos au bonheur alors qu’il vous tend les bras ! Ta ! ta ! mariez-vous, Bienville, pour redevenir, vous maintenant si triste, notre joyeux compagnon d’armes d’autrefois, et pour voir « les enfants de vos enfants, » comme il est dit dans cette messe que les jeunes époux, ce me semble, doivent trouver bien longue.

— Franchement, chevalier, me conseillez-vous de ne pas écouter les scrupules de Marie-Louise et de hâter notre mariage ?

— Ah ! la bonne farce ! Voyez un peu, Bienville, comme le bonheur vous rend déjà cet entrain des jours passés. Mais, badinage à part, considérez donc comment l’évêque les traite lui-même ces scrupules de jeune fille. Et vous voudriez être plus sévère que lui ?

— Je crois que vous avez raison. Eh bien ! oui, vive la joie ! je me marie ! Et vous, chevalier, vous serez mon gentilhomme d’honneur, si ce n’est pas trop vous demander.

— Morbleu ! votre gaîté passe les bornes, monsieur l’amant heureux ; car de railleur vous devenez caustique. Mais c’est moi qui suis honoré d’être le témoin officiel de votre bonheur !

— Messieurs, dit en ce moment un volontaire qui salua militairement les deux gentilhommes, notre commandant, M. le chevalier de Vaudreuil, vous fait mander au presbytère où il tient son quartier général.

— C’est bien ! Pierre, nous y allons, répondit Bienville à Pierre Martel.

C’était en effet Bras-de-Fer qui avait suivi son