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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

que la vie de l’hôtelier fut sauve. Car enfin il a, bien qu’involontairement, sauvé la tienne et celle de ma sœur.

« L’un des plus acharnés contre le misérable aubergiste était Olivier Saucier, le cuisinier du château. Il paraît, en effet, que Saucier n’a jamais pu pardonner à Boisdon certain coup de mousquet que l’hôtelier lui a tiré durant et dans le siège. Saucier, qui m’a paru parfaitement guéri de sa blessure, soupçonne encore le cabaretier de lui avoir lâché cette mousquetade à dessein, pour quelques écus que le cuisinier négligeait de payer à l’aubergiste.

« Mais que t’importent les faits et gestes de ces messieurs, après la nouvelle que j’étais si heureux de t’annoncer au commencement de ma lettre. Aussi je termine en te disant que je t’attendrai d’ici à quinze jours. Au revoir, cher frère ; car tu me permets, sans doute, de te donner d’avance ce nom que le sacrement ratifiera bientôt. »

— Crisasy ! Crisasy ! dit Bienville au chevalier, son ami, qui passait devant une maison à l’ombre de laquelle notre héros venait de lire la lettre de Louis.

— Qu’y a-t-il à votre service, mon cher Bienville ?

— Attendez-moi donc un instant.

Et François tout joyeux rejoignit en deux sauts le chevalier sous le bras duquel il passa le sien.

— Chevalier, fit-il en tenant la lettre ouverte sous les yeux de Crisasy, lisez avec moi, car je veux m’assurer si ma vue ne m’a pas trompé.

Mlle d’Orsy sort du couvent ! vous allez vous marier ! Vive Dieu ! mon cher, mais laissez-moi serrer cette loyale main pour vous féliciter du