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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

vrai que tu doives finir flegmatiquement submergée ? Oh ! alors, comme tu auras froid dans le linceul de limon dont les eaux du grand fleuve couvriront tes restes, en s’enfuyant rapides vers l’océan et l’oubli !

 

Bien que le petit établissement de Champlain, commencé en 1608, fut une ville en 1690, le lecteur n’en doit cependant point conclure qu’il peut juger du Québec de la fin du dix-septième siècle par celui d’aujourd’hui. Exposés aux soudaines attaques des Iroquois, et instruits par l’expérience, ses habitants avaient groupé leurs demeures autour des fortifications, et à la portée immédiate de refuge ou de prompts secours. Ainsi, un grand nombre des habitations se trouvait à la basse ville, et conséquemment sous le fort Saint-Louis. Bien que détruite par l’incendie de 1682, la ville basse était tout-à-fait rebâtie à l’époque du siège de la place par Phips. Mais elle n’était pas comme aujourd’hui l’entrepôt presque exclusif du commerce ; car la plupart des principaux citoyens et les plus riches marchands y demeuraient avec leur famille.[1]

L’espace de terre qu’occupent largement aujourd’hui les faubourgs, ne consistait alors qu’en de vastes champs qui s’étendaient à partir des portes jusqu’à perte de vue.

Il n’y avait au Palais sur les bords de la rivière Saint-Charles, que les bâtisses du palais de M. l’inten-

  1. On se souvient encore que notre aristocratie logeait à la basse ville, il n’y a pas plus de soixante ans. À cette époque, notre quartier, si fashionable aujourd’hui, du Cap, était le rendez-vous de presque tous les forgerons et les charrons de la ville, qui y frappaient hardiment sur l’enclume, du matin au soir, dans leurs boutiques enfumées.