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ÉPILOGUE.



La colonie fut assez tranquille pendant l’hiver qui suivit la levée du siège. Car la mésintelligence que l’on a vue originer au camp du lac Champlain entre les Anglais et les Iroquois, ainsi que la petite vérole qui continuait ses ravages parmi les derniers, empêchèrent l’ennemi de harceler la Nouvelle-France. De leur côté les Canadiens durent rester dans l’inaction jusqu’au printemps, vu que la disette sévissait chez eux. Les exigences du siège avaient d’ailleurs tellement épuisé les magasins du roi, que l’intendant s’était vu contraint de disperser ses soldats par les campagnes où les habitants les plus à l’aise les hébergèrent volontiers ; tant, à cette héroïque époque, les sacrifices semblaient peu de chose aux particuliers dès lors qu’il s’agissait de l’intérêt public.[1]

François de Bienville était retourné à Montréal après les funérailles de Sainte-Hélène. Raffermi contre sa douleur par les affectueux conseils du comte de Frontenac, il ne souhaitait plus que de donner cours à son projet de se distinguer par les armes. Ce n’est pourtant pas qu’il ne pensât bien souvent à Marie-Louise. Les vraies douleurs morales ne se guérissent pas si vite. Elles se cicatrisent bien quelquefois au bout d’un certain temps ; mais elles font toujours souffrir au moindre contact.

  1. Voir nos historiens à ce sujet.