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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

ce jour-là de Montréal quelques parents de M. de Sainte-Hélène, et que d’ailleurs on ne pouvait retarder l’inhumation jusqu’au lendemain, il fut décidé qu’on l’enterrerait dans la soirée, afin de permettre aux parents absents, s’ils arrivaient avant la nuit, de se trouver aux funérailles.

Après la tombée du jour, pleine d’ombre et de mystère était la chapelle de l’Hôtel-Dieu, la nuit couvrant la ville comme d’un drap mortuaire. De nombreux cierges brûlaient lentement autour d’un cercueil déposé dans la nef, et jetaient une lueur froide et tremblante sur les blancs murs de l’église, qui plus loin, vers l’autel, se noyaient dans l’obscurité.

La foule des fidèles attendait silencieuse et recueillie la venue du prêtre ; celui-ci devant accompagner sur son dernier champ de parade le brave qui avait combattu son dernier combat.

L’officiant parut bientôt accompagné de ses acolytes. Quand il arriva dans la place laissée libre autour du cercueil que recouvrait l’épée avec le chapeau de l’officier, le peuple se trouvant agenouillé près des murs, l’ombre du prêtre qui dominait la foule en se tenant debout, monta projetée du pavé jusqu’à la voûte. On aurait dit que l’âme du ministre de Dieu s’élevait vers le Très-Haut comme pour le prier de plus près en faveur du trépassé dont il allait bénir et la bière et la fosse.

Le prêtre pria d’abord ; puis solennelles et mystiques, les fraîches voix des religieuses, partant de l’enfoncement du chœur, entonnèrent le chant sublime du libera.

Le dernier mot du dernier verset venait de rouler et de s’éteindre sous la voûte, quand une voix de