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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

S’accrochant alors à chacune des aspérités du mur, il tenta de l’escalader. Déjà sa main allait toucher celle que lui tendait sa fiancée, quand il tomba lourdement sur la terre, où les os des squelettes rendirent un cliquetis funèbre. Ce qui le fit s’éveiller en sursaut. Comme il faisait déjà grand jour, il s’habilla vite et sortit.

Lorsqu’il descendit le monticule que dominait le château, des feuilles desséchées, tombées des quelques arbres de la place-d’armes, tourbillonnaient au vent sur la terre durcie par la gelée.

Machinalement désireux d’éviter de passer devant la maison de Louis d’Orsy, il traversa la place-d’armes et s’engagea dans la rue Sainte-Anne qu’il tourna, pour descendre sur la grande place, en longeant l’église des Jésuites.[1]

Il allait y déboucher quand il s’arrêta et pâlit affreusement. C’est qu’il venait de voir Marie-Louise et son frère qui descendaient la rue de la Fabrique en compagnie de quelques amies de Mlle d’Orsy. Voyant le petit groupe disparaître au bas de la rue de la Fabrique et à l’angle du collège des Jésuites, il se glissa le long du collège, et suivit de loin Marie-Louise. La peine atroce qu’il en ressentit ne fut pourtant pas sans charmes, puisqu’il continua d’avancer derrière la jeune fille.

Celle-ci tourna le coin de la rue « des pauvres » ou du Palais dans laquelle elle s’engagea. Toujours

  1. Cette église occupait l’emplacement de la halle actuelle du marché de la haute ville. Il n’en reste aucun vestige.