Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Anglais ; c’était en 1629. Mais, là-haut, Dieu veillait sur la France Nouvelle : il la voulait catholique cette colonie destinée à contrebalancer un jour la puissance de ses voisines, et l’Angleterre ne l’était déjà plus.

Rendu à la France en 1632, Québec se remit rapidement de cet échec, et sembla dès cet instant prendre un plus puissant essor, comme ce géant de la fable, qui recouvrait de nouvelles forces quand son ennemi lui faisait mesurer la terre.

Depuis lors donc, malgré les conjurations diaboliques des tribus indiennes dont les cris de guerre retentirent souvent jusqu’à ses portes, la capitale de la Nouvelle-France s’accrut si bien, qu’elle était devenue ville avant 1690. Comme cette époque seule doit m’occuper en ce récit, je ne fais que mentionner les rudes secousses que firent ensuite éprouver à notre ville les sièges de 1759 et de 1760 et celui de 1775.

Maintenant encore, Québec est le seul vrai rempart qui défende efficacement le pays. Viennent de nouvelles luttes, et l’on verra ses nombreux canons allonger de nouveau leur cou de bronze par-dessus les murs, et tenir en échec un ennemi vainqueur, peut-être, sur tous les autres points de la contrée. Sera-ce alors que, selon les prédictions, un immense ouragan de feu dévorera notre ville ? Est-ce criblée par les boulets, calcinée par les obus incendiaires qu’elle doit s’envelopper et se coucher dans un glorieux suaire de cendres fumantes ? Si c’est la suprême destinée qui t’attend, ô Québec, ta fin sera digne de ton passé ; et tes pierres noircies diront un jour à l’étranger qui viendra, pensif, s’assoir sur un débris de tes murailles, que tes habitants ne pouvaient être que des héros.

Mais toi, fastueuse et superbe Montréal, est-il donc