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CHAPITRE DEUXIÈME.



le vieux québec. — les amis.


Perché, comme un nid d’aigle, sur son roc escarpé, Québec a vu passer bien des tourmentes depuis Champlain jusqu’à nos jours ; et, comme l’aire du roi des montagnes, d’autant plus secoué par la tempête qu’il est suspendu plus haut, de même aussi notre vieille cité a dû lutter plus fort contre l’ouragan que Montréal et Trois-Rivières, assises modestement toutes deux dans la plaine. En vain son ambitieuse rivale veut-elle, par tous les moyens, attirer sur elle l’attention de la génération qui passe et de celles qui poussent déjà cette dernière pour la remplacer plus vite, Québec dominera toujours l’autre par ses vieux bastions noircis de poudre, et sa position aussi élevée dans l’histoire que son assise sur le Cap-aux-Diamants. Aussi Montréal l’a-t-elle bien compris ; car, désespérant d’atteindre jamais à la renommée de son aînée, elle s’est faite commerciale, puisqu’elle ne pouvait pas être autre chose.

Comme Hercule dans son berceau, Québec naissant sortit vainqueur de la lutte qu’il dut soutenir contre l’Iroquois reptile. Mais à peine ses quelques maisons remplaçaient-elles les ouigouams disparus de la mystérieuse bourgade de Stadacona, qu’un nouvel ennemi fondit sur la petite ville de Champlain. Affaibli par de tristes rivalités, épuise par la disette, Québec tomba sous cette première étreinte des