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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Oui, monsieur, répondit Marie-Louise, mais à voix si basse, que cette réponse effleura ses lèvres comme un souffle.

Et le sang lui afflua si vite à la figure qu’elle se pencha vivement sur son ouvrage pour cacher sa rougeur.

Bienville prit cette émotion subite pour l’effet que devait produire la demande suprême qu’il allait faire. Aussi continua-t-il, mais d’une voix légèrement émue.

— Je vois bien, Marie-Louise, que votre mémoire est aussi bonne que la mienne, mais que votre bouche, seulement, n’est pas assez hardie pour en oser traduire les impressions ; je répéterai donc les paroles que je vous dis alors. Écoutez-moi bien et me dites si ce ne sont pas les mêmes ? « Je désire vous voir porter mon nom, aussitôt que nous aurons repoussé l’Anglais. » Est ce bien cela ?

Au lieu de la réponse, ou du moins de l’aveu tacite qu’il attendait de sa fiancée, il vit la jeune fille pâlir, tandis que deux grosses larmes jaillissaient de ses yeux.

Un chaud rayon de soleil qui pénétrait en ce moment par la fenêtre se joua sur ces larmes qui brillèrent comme deux diamants.

La surprise de Bienville augmenta pourtant encore, lorsque Marie cacha sa tête en ses deux mains, et que des sanglots redoublés agitèrent son sein de mouvements convulsifs.

— Mais est-ce donc là l’effet qu’une demande en mariage a coutume de produire sur les jeunes filles ? dit-il en se tournant vers Louis.

Celui-ci baissa la tête et ne répondit pas !