Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Mère de douleurs, veuillez donner à mon pauvre fiancé… — mon Dieu ! c’est la dernière fois que je lui prête ce nom si doux ! — veuillez lui donner la résignation que je vous demande pour moi-même. Que tout le poids de la douleur retombe sur moi seule. Et lui, qu’il soit heureux avec une autre… comme j’aurais pu l’être avec lui !…

 

Quand elle revint dans la chambre de son frère, Bienville s’approcha de la jeune fille d’un air joyeux.

— Marie-Louise ! dit François en s’emparant d’une main qui se retira doucement de la sienne, Marie-Louise, ce nuage de malheur qui a paru plusieurs fois devoir crever sur nos têtes, disparaît enfin à l’horizon. Les desseins pervers de nos ennemis sont anéantis avec eux. Plus de craintes ni de larmes ! Nous avons bu notre part de l’absinthe de la vie ; la coupe n’en doit plus contenir que du miel. À nous donc la joie, car l’avenir est à nous !

— L’avenir n’est qu’à Dieu seul ! répondit Marie-Louise dont le cœur se serra comme pour mourir.