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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

bras, vous auriez tort de vous fâcher. Cet homme est un vieux chasseur qui doit être à même de connaître les antidotes que les sauvages emploient contre les blessures produites par les flèches empoisonnées de leurs ennemis. Vous venez de pays civilisés où la science n’a pas à s’occuper de cas semblables et où l’homme le plus savant dans votre art doit nécessairement ignorer un remède connu en Amérique par le dernier des sauvages.

— Je reviendrai dans une heure, reprit le chirurgien qui se dirigea vers la porte et sortit.[1]

— À la grâce de Dieu ! fit Marie-Louise avec un soupir.

Deux heures plus tard d’Orsy reposait tranquillement. Les crampes et les tiraillements dans la région de l’épigastre avaient cessé, la transpiration se faisait maintenant abondante là où la peau était sèche et brûlante une heure auparavant. De pénible qu’elle était d’abord, la respiration était devenue facile. Enfin le délire avait disparu pour faire place à une entière tranquillité du cerveau.

Pierre Martel avait appliqué sur la blessure du baron une compresse fortement imbibée de l’infusion des plantes qu’il avait apportées de la Canardière. Il lui avait aussi fait boire plusieurs potions de ce même remède dont la vertu se montrait si efficace.

Marie-Louise, Bienville et Bras-de-Fer, la joie peinte sur le visage, se pressaient autour du blessé qui venait de s’éveiller après une heure de sommeil paisible, lorsque M. Coupnet opéra de nouveau son entrée dans la maison.

  1. Il ne faut pas oublier que cette scène se passait au XVIIe siècle, époque où la médecine avait encore tant de progrès à faire avant que d’en arriver à la science actuelle.