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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Marie-Louise et Bienville regardèrent avec étonnement le nouveau venu, tandis que le chirurgien le toisait avec dédain des pieds à la tête.

— Vous ne comprenez donc pas ? ajouta Bras-de-Fer. Je vous demande de l’eau chaude afin d’y faire infuser ces herbages pour guérir M. le baron. Le poison des sauvages et moi, voyez-vous, nous nous connaissons depuis longtemps. Quand je chassais dans les pays d’en haut, j’ai vu guérir bien des gens avec ces ingrédients que je vous apporte. J’en ai fait l’épreuve sur moi-même.

— Oh ! puisses tu dire vrai ! s’écria Bienville.

— Mon Dieu ! c’est vous qui nous l’avez envoyé ! dit Marie-Louise en levant des yeux reconnaissants au ciel.

Un sourire incrédule passa sur les lèvres du médecin dont les idées scientifiques se trouvaient subitement heurtées par les paroles et le ton confiant de l’ignorant Pierre Martel.

Prétendriez-vous, dit M. Coupnet, guérir M. d’Orsy avec vos simples ?

— Je ne voudrais pas en répondre, répliqua Bras-de-Fer, mais j’ai bonne espérance.

— Et vous croyez pouvoir réussir là où la science est impuissante !

— Le bon Dieu est tout-puissant, lui, monsieur le docteur ; et bien souvent il se sert d’un homme ignorant et simple comme moi pour faire un miracle.

Déjà Marie-Louise mettait à la disposition de Pierre Martel un vase rempli d’eau bouillante.

— Je n’ai plus rien à faire ici du moment qu’on m’y oppose un charlatan ! repartit M. Coupnet qui prit son chapeau.

— Monsieur ! lui dit Bienville en l’arrêtant par le