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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

frère M. de Maricourt. Monsieur l’enseigne, donnez-moi la main. Bien ! bien ! continua le comte qui sentit la main de François trembler d’émotion dans la sienne, et vit une larme glisser sur la joue brunie du jeune homme, vous êtes un noble cœur. Demain matin, vous recevrez votre brevet. Mais quel dommage que le brave d’Iberville ne soit pas ici ! la belle besogne que vous feriez tous ensemble, messieurs LeMoyne ![1]

— Mille fois merci de vos bontés pour mes frères et pour moi, monsieur le comte ! répliqua le jeune homme ; et, soyez certain que ma nouvelle épée ne se rouillera pas au fourreau.

— Oh ! je vous crois sans peine, reprit M. de Frontenac en souriant ; mais l’heure est avancée, et je voudrais faire une ronde de nuit afin de voir si toutes les gardes sont à leur poste. Venez-vous, monsieur le major ? Or çà, mon cher Bienville, n’oubliez pas que vous êtes mon hôte pendant toute la durée de votre séjour à Québec.

— J’accepte avec plaisir et reconnaissance, monsieur le comte ; cependant comme la soirée n’est pas encore terminée, j’ai envie d’aller serrer la main de mon ami le lieutenant d’Orsy.

— Ah ! ah ! je comprends ! C’est-à-dire, que vous voulez en même temps vous informer de la santé de mademoiselle sa sœur, et cela par vous-même. Elle est très-bien, cette enfant-là. Je vous en félicite d’autant plus sincèrement, qu’il paraît que vous lui

  1. D’Iberville faisait, en ce moment-là, voile pour la France. Il revenait de la baie d’Hudson, et avait dessein de se rendre à Québec, lorsque, dans le golfe, il aperçut la flotte de Phips qui remontait le Saint-Laurent. Ce voisinage n’étant pas sûr, il vira de bord, et continua son voyage vers la mère-patrie.