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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Inquiète et tremblante, elle allait par la chambre prompte à obéir à chacune des prescriptions du chirurgien qu’elle interrogeait d’un regard fiévreux.

L’homme de l’art se préparait à extraire la balle de la poitrine du jeune baron.

En ce moment, Bienville entra. Il s’approcha du chirurgien en marchant sur la pointe du pied.

— Eh bien ? lui demanda-t-il à voix basse.

L’opérateur ne répondit pas ; mais se tournant vers Marie-Louise :

— Veuillez donc, s’il vous plaît, mademoiselle, me procurer une lumière ?

Aussitôt que la jeune fille fut sortie de la chambre, le chirurgien se pencha vers Bienville et lui dit rapidement à l’oreille :

— Je crains bien que la blessure ne soit empoisonnée ainsi que vous m’en avez prévenu. Car, votre ami n’a pas assez perdu de sang pour être faible et insensible comme il est en ce moment. Grâce à l’épais baudrier de buffle que la balle a dû percer avant que de pénétrer dans la poitrine, le projectile n’est pas entré bien avant et n’a pu atteindre aucun organe vital. Et cependant voyez combien le blessé est engourdi et somnolent. Cet état presque apoplectique ne provient certainement pas de la blessure, mais bien plutôt d’un poison dont l’action est surtout narcotique. Aussitôt la balle extraite, je tâcherai de combattre les effets du venin.

Le chirurgien voyant que Marie-Louise revenait, changea le sujet de la conversation en disant :

— Et M. de Sainte-Hélène, comment va-t-il ?

— Sa blessure n’offre aucune gravité,[1] répondit

  1. Au dire de Charlevoix la blessure de Sainte-Hélène ne parut pas d’abord sérieuse.