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CHAPITRE QUINZIÈME.



le blessé.


Pâle était le dernier reflet du jour mourant qui venait éclairer la chambre de Louis d’Orsy ; mais plus pâle encore était ce dernier qui gisait tout sanglant sur son lit une heure après le combat.

Il était là, défait, brisé, vaincu par le mal, ce vaillant jeune homme si plein de courage et de vie quelques heures auparavant. C’est qu’il est si faible le lien de notre existence, qu’un simple coup d’aile du temps ou de la fortune suffit pour le rompre et nous jeter hors de la voie des vivants.

Près de Louis assoupi se tenait un chirurgien, M. Coupnet dont l’air préoccupé laissait voir combien l’état du blessé l’inquiétait. Dans l’ombre se mouvait discrètement Marie-Louise qui paraissait planer plutôt que marcher, tant elle effleurait légèrement le parquet, pour ne point fatiguer son frère par un bruit inutile.

Elle avait aussi bien pâli, la pauvre enfant. Les terribles événements de l’avant-veille avaient tellement agi sur sa constitution, pourtant si forte, que ses belles et vives couleurs d’autrefois avaient fui ses joues veloutées, tandis qu’un léger cercle de bistre apparaissant sur les paupières inférieures, y indiquait la trace de l’insomnie et des larmes.