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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

tombe en garde. Leurs pistolets à tous deux sont déchargés ; c’est donc un duel à l’arme blanche qui va décider de leur sort.

En ce moment les ennemis cèdent sous la vigoureuse charge des Canadiens et se replient sur leur arrière-garde, suivis par nos intrépides volontaires qui les chassent devant eux la baïonnette dans les reins.

Harthing et Bienville se trouvent isolés des autres combattants.

À voir la furie avec laquelle François presse Harthing, on croira d’abord qu’il perdra bientôt l’avantage avec le sang-froid qui, dans un combat de ce genre, donne beaucoup de chance à celui qui se tient froidement sur la défensive comme Harthing le semble faire.

Aussi rapide que l’éclair, l’épée de Bienville enveloppe l’Anglais de cercles rapides, et sans relâche le frappe d’estoc et de taille. Leurs lames violemment heurtées rendent de sinistres cliquetis, entrecoupés par les seuls râlements saccadés qui soulèvent la poitrine des deux combattants.

Entre deux parades, Harthing porte une estocade de prime à Bienville qu’il atteint à l’épaule droite. Mais cette blessure, peu grave du reste, rend toute sa prudence à Bienville qui se couvre avec soin de son épée, tout en pressant Harthing.

On dirait pourtant que ce dernier faiblit. Sa main semble arriver plus lentement à la parade. Plusieurs fois l’épée de Bienville effleure la poitrine du lieutenant dont la respiration devient plus rapide.

Est-ce la lassitude qui saisit l’officier anglais ? Est-ce la vision funeste du spectre de la mort planant au-dessus des combattants pour choisir sa victime, qui paralyse ainsi ses forces ?