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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

son arme par le canon, il fait décrire un terrible moulinet à la crosse qui s’abat violemment sur la poitrine nue du sauvage. Celui-ci pousse un râle qui lui sort de la gorge avec des flots de sang. Il tombe.

— Et de deux ! fait Bras-de-Fer en assommant de même le premier Anglais qui se trouve à portée de son arme.

Cependant Bienville a voulu s’élancer pour croiser le fer avec Harthing qu’il a vu combattre au premier rang. Mais la force répulsive de la charge opérée par les Canadiens a rejeté l’Anglais au milieu de sa compagnie et porté François contre d’autres adversaires.

M. de Sainte-Hélène, au contraire, s’est trouvé lancé dans la direction du lieutenant sur lequel il fond l’épée au poing, après avoir fendu la tête d’un soldat ennemi qui lui barrait le passage.

— Rendez-vous, monsieur, ou vous êtes mort, crie Sainte-Hélène à Harthing qu’il ajuste d’un pistolet.

Harthing lui répond par un ricanement et baisse la tête quand le coup part.

La balle de Sainte-Hélène effleure le crâne du lieutenant. L’Anglais saisit à son tour le seul pistolet chargé qui lui reste et tire à bout portant sur Sainte-Hélène qui s’affaisse la jambe droite cassée par le coup de feu.[1]

— En veux-tu donc à tous les miens ! rugit Bienville qui a pu percer enfin jusqu’à lui. Oh ! nous allons voir !…

Et furieux il court l’épée haute sur Harthing qui

  1. Sainte-Hélène voulant avoir un prisonnier reçut un coup de « feu à la jambe. » Charlevoix, tome II, page 85.