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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Et arrachant un mousquet d’entre les mains d’un soldat, François l’épaule et tire sur John Harthing. Mais sa précipitation nuit à la justesse de son coup de feu dont la balle perce seulement le chapeau de l’Anglais.

M. de Longueuil a remarqué l’hésitation de l’ennemi.

— Debout ! chargeons ! crie-t-il.

Et donnant le signal avec l’exemple, il se lève.

Sainte-Hélène, Bienville et d’Orsy l’ont imité.

Au même instant une mousquetade vient frapper en pleine poitrine Louis d’Orsy qui tombe à la renverse entre les bras de Bienville.

— Bien tiré, Dent-de-Loup, dit Harthing au sauvage qui recharge son arme.

— Quarante mille démons ! c’est encore ce maudit Iroquois s’écrie Bras-de-Fer qui aide Bienville à transporter Louis d’Orsy à l’écart. Après avoir remis son ami entre les mains de quelques hommes préposés aux soins des blessés, Bienville se penche vers Louis qui vient de s’évanouir :

— Frère, dit-il, en étendant la main sur ce corps sanglant, dors en paix ton dernier sommeil ! Je cours te venger !

Quand il revint sur la lisière du bois qui regardait le rivage, M. de Longueuil chargeait l’ennemi à la tête de sa petite troupe.

Bienville bondit au premier rang qui n’est plus qu’à vingt pas de la compagnie de Harthing lorsque M. de Longueuil crie d’une voix tonnante.

— À plat ventre tout le monde !

Il a vu les Anglais coucher en joue les siens.

Un ouragan de flamme et de plomb passe au-dessus des Canadiens dont aucun n’est touché, grâce au sang-froid du commandant.