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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

moral, ils se mirent en marche et se rapprochèrent de la rivière Saint-Charles, vers deux heures de l’après-midi.

Les Anglais, au nombre d’au moins douze cents, longeaient la rivière en toute sécurité, lorsque soudain, au détour d’un petit bois qui se trouvait sur leur droite et à l’endroit même où est aujourd’hui la ferme de Maizerets, deux cents coups de feu partirent en crépitant du fourré où les hommes de M. de Longueuil s’étaient postés en embuscade.

Tandis que les Anglais poussent des cris de surprise, de rage, ou d’agonie, les Canadiens rechargent leurs armes.

Forward ! crie le commandant ennemi.

— Feu ! ordonne M. de Longueuil, quand les Anglais ne sont plus qu’à cinquante pas.

Et cette seconde décharge plus meurtrière que l’autre s’en va semer la confusion et la mort dans les rangs des ennemis qui commencent à se débander.

Harthing désirant dissiper les soupçons qui planent sur lui, se tient en avant de sa compagnie qu’il encourage de l’exemple et de la voix. Quand il s’aperçoit que ses soldats commencent à plier, il se retourne tranquillement vers eux ; et là, exposé au feu des Canadiens, calme comme sur un champ de parade, il reçoit trois balles dans ses habits, tandis qu’il s’efforce de rallier ses gens.

C’est qu’il était aussi brave que violent.

Dent-de-Loup se tient à côté de lui, le mousquet en joue et prêt à faire feu sur le premier canadien qu’il verra ; car ces derniers sont restés couchés dans les broussailles.

— Oh ! Louis ! je le vois ! il est là ! dit Bienville à d’Orsy.