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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Ce bon Pierre ! dit Bienville en riant comme les autres.

— Prenez garde ! messieurs, prenez garde !

— Allons ! allons ! un homme comme toi, Pierre, ne devrait pas croire à ces choses-là. Mais nous perdons notre temps. Attention ! serrez les rangs ! dit à sa petite troupe M. de Longueuil.

Pierre Martel alla s’aligner, non sans avoir secoué plusieurs fois la tête en signe de désapprobation.

Sur les dix heures, toute cette belle et vaillante jeunesse s’ébranla au son des tambours et des fifres. Le détachement de deux cents hommes commandé par MM. de Longueuil, Sainte-Hélène, d’Orsy et Bienville, prit les devants ; car il avait à traverser la rivière Saint-Charles pour rejoindre les Anglais, tandis que M. de Frontenac restait, à la tête de trois bataillons, de ce côté-ci de la rivière, au cas où les ennemis parviendraient à la traverser à gué.[1]

Cependant Whalley n’était pas à la tête des troupes de terre. Il se trouvait en ce moment à bord du vaisseau amiral où il était allé le matin, de bonne heure, « communiquer à Phips le résultat du conseil de guerre tenu la veille par les officiers de l’armée de terre. Car ces derniers regardaient l’entreprise comme trop hasardeuse, et concluaient qu’il valait mieux l’abandonner à cause de l’état avancé de la saison. »[2]

Nonobstant l’absence de leur commandant, les ennemis voulurent tenter une dernière attaque ; et après avoir crié durant toute la matinée : « vive le roi Guillaume, » sans doute pour se remonter un peu le

  1. Voyez Charlevoix.
  2. M. Ferland, p. 225. Voir aussi le propre journal du major Whally.