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CHAPITRE QUATORZIÈME.



le combat.


La place-d’armes présentait le lendemain matin, qui était le vingtième jour d’octobre, un spectacle magnifique et très-animé. Car il y avait là, assemblés devant le château, plus de trois mille hommes, tant de troupes que de milices.

Les rayons du soleil levant se jouaient sur les armures,[1] les mousquets, les baïonnettes[2] et les épées nues, et jetaient, par toute la place, mille scintillations rayonnant en gerbes lumineuses, ce qui tranchait vivement sur les riches costumes aux couleurs variées des officiers, et sur les belles plumes blanches qui ombrageaient quelques chapeaux fièrement galonnés d’or. On aurait dit de grosses gouttes de rosée dormant sur de grandes fleurs tropicales balancées par la brise et reflétant, avant

  1. On en portait quelquefois encore à cette époque, moins pour se garantir des balles qui les perçaient bel et bien, que pour résister aux coups d’armes blanches. On peut s’en convaincre en regardant les portraits qui nous restent de quelques-uns de nos personnages historiques. J’ai sous les yeux, par exemple, celui de M. de Bienville, frère cadet de mon héros et qui prit le nom de son aîné après la mort de celui-ci. Ce M. LeMoyne de Bienville, second du nom, qui devint gouverneur de la Nouvelle-Orléans, vers 1717, est représenté le cou et la poitrine défendus par le hautbert et le plastron.
  2. La baïonnette devint en usage dans l’armée française sous Louis XIV.