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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

la vengeance ! Ô ! ma vengeance ! je te veux implacable et terrible !

— La voici, dit Dent-de-Loup qui se dressa soudain devant Harthing. Et, comme un démon tentateur, il offrit au lieutenant quelques balles mâchées dont les déchiquetures étaient remplies d’un suc noirâtre.

— La moindre atteinte de l’un de ces projectiles tuera ceux que tu hais, dit le sauvage. Ces balles sont empoisonnées.

— Oh ! donne-les moi.

Et Harthing se levant d’un bond, mit la main sur ces engins perfides.

Un éclair de satisfaction illumina l’œil de Dent-de-Loup.

Mais au moment où Harthing allait serrer les balles, il les rejeta tout-à-coup loin de lui en s’écriant :

— Non ! ce serait trop lâche !

Et il se laissa tomber sur son lit de camp. Les sanglots l’étouffaient.

Un amer sourire de dédain plissa les lèvres du sauvage.

— Les faces pâles ne seront toujours que des femmes ! dit-il en ramassant avec soin les balles rejetées par Harthing.

Et il quitta la tente aussi furtivement qu’il y était entré.