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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

à être envoyé comme parlementaire, il n’était causé que par le désir que j’avais d’examiner moi-même, et en plein jour, la place que je voudrais prendre à moi seul pour me signaler d’avantage. Pouvez-vous donc blâmer une aussi noble ambition ?

— Hum ! Non, monsieur Harthing ; certainement non. Mais en fin de compte, ne trouvez vous pas singulière la coïncidence de votre présence dans la ville hier au soir, avec cette tentative d’enlèvement d’une jeune française que vous avez autrefois aimée, par un Anglais dont notre captif, malheureusement ou heureusement pour vous, ne connaît pas le nom ? Ne vous semble-t-il pas que tous les faits que je vous ai auparavant exposés, réunis à ce dernier, contribuent à vous compromettre étrangement ?

— J’avoue que la coïncidence est assez curieuse en effet. Mais, vous ayant répondu d’une manière satisfaisante sur tous les autres points, je crois que vous ne pouvez me juger sur ce seul dernier fait qui, directement, ne prouve rien contre moi.

— Le conseil en décidera, monsieur Harthing. Car veuillez bien croire que je n’ai contre vous aucun sentiment d’animosité personnelle. Je crois vous rendre plutôt service en vous mettant à même de vous disculper des accusations de trahison qui courent déjà contre vous par tout le camp.

Comme on le peut très-bien penser, Harthing ne put être trouvé coupable ; mais il sortit dans une grande rage de se voir ainsi compromis. La fureur le dominait complètement quand il revint dans sa tente où il se jeta, rugissant, sur une botte de paille qui lui servait de lit.

— Ah ! puisque c’en est fait de mon amour et de ma réputation, s’écria-t-il, je ne veux plus songer qu’à