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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

ce prisonnier français ; et que, d’ailleurs celui-ci ignorait le nom de cet Anglais qui avait ainsi tenté d’enlever une Québecquoise.

— Nous n’avons pas, il est vrai, répliqua Whalley, des preuves directes de votre culpabilité ; mais avouez pourtant que beaucoup de faits témoignent contre vous. D’abord, vous avez, je le sais, connu et aimé Mlle d’Orsy à Boston. Ensuite, quand nous avons quitté cette dernière ville, vous avez, sous prétexte de lui faire servir les intérêts communs, amené un sauvage dont la conduite me paraît quelque peu suspecte ; car il est toujours absent du camp. Il n’y a qu’un moment encore, je l’ai fait chercher partout sans qu’on l’ait pu trouver. Pourriez-vous me dire où il est ?

— Non, monsieur, mais je crois qu’il serait injuste de me rendre responsable des absences d’un sauvage qui ne saurait s’astreindre à une discipline aussi sévère que la nôtre.

— Bien, bien, reprit Whalley. Mais dans quel but avez-vous sollicité si vivement d’être envoyé comme parlementaire au comte de Frontenac ? Pourquoi tant d’ardeur à briguer une mission qui vous aurait pu devenir plus onéreuse que profitable, si l’ennemi avait voulu vous faire un mauvais parti.

— Il m’est facile, monsieur, de vous répondre d’une manière satisfaisante. Mon but étant de me distinguer dans la carrière que j’ai embrassée de préférence à toute autre, je désire prendre une très-grande part à la conquête de Québec. À cet effet, je me suis d’abord allié le sauvage Dent-de-Loup, pour me servir d’espion et trouver, par son entremise, un lien d’escalade facile. Voilà donc qui vous explique mon intimité avec l’Iroquois. Quant à mon empressement