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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

démentir le trouble involontaire de Harthing, le renvoya sans rien dire. Ce qui n’empêcha pas que le lieutenant fut sommé de comparaître devant le conseil de guerre lorsque vint le soir. Au moment où Harthing paraissait devant Whalley et son état-major, Dent-de-Loup quittait la rivière Montmorency pour revenir au camp.

Le chef de l’accusation portée contre Harthing était que, sous le fallacieux prétexte d’aider à la prise de la place, il ne s’y était introduit qu’avec l’intention de revoir et d’enlever une jeune française qu’il avait autrefois connue à Boston ; ce qui indiquait des rapports secrets avec l’ennemi, et que de ce premier pas à la trahison il n’y avait pas loin.

Maudite affaire ! pensa Harthing. Je m’en serais peut-être mieux tiré en confessant le fait de prime abord. Mais puisque nous avons commencé, continuons à tout nier.

Aussi répondit-il qu’il ne comprenait pas ce que l’on voulait dire en l’accusant de sacrifier son devoir, son honneur et son pays à une pareille intrigue ; qu’il trouvait singulier qu’on aimât mieux croire un captif ennemi qu’un loyal sujet anglais qui avait toujours bien servi sa patrie et son roi ; que si quelqu’un avait réellement tenté d’enlever cette demoiselle d’Orsy, laquelle il avait en effet autrefois connue à Boston, ce pouvait bien être quelque autre officier qui se serait introduit en même temps que lui dans la ville ; car Louis d’Orsy en donnant des leçons d’escrime à Boston s’était trouvé rencontrer un assez grand nombre de jeunes gens qui avaient pu facilement connaître la sœur du jeune baron. Il termina en disant qu’il serait impossible de prouver l’accusation gratuite qui pesait sur lui, par tout autre que