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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

apprit ainsi le peu de résultat des démarches de Harthing et de Dent-de-Loup, et dit au lieutenant :

— Dorénavant, monsieur, vous voudrez bien, ainsi que l’Iroquois, ne plus vous exposer. Nous avons trop besoin de toutes nos forces pour risquer de les affaiblir en les disséminant ainsi.

Harthing qui maintenant comptait sur le succès d’un prochain assaut pour réaliser ses désirs, ne s’inquiéta pas beaucoup de cet ordre impératif qui le condamnait à l’inaction.

— Je l’ai trop échappé belle, se dit-il en quittant Whalley, pour regretter qu’on me ferme ainsi tout secret accès dans la ville ; et je me dois estimer aussi très-heureux de ce que le major ne pourra jamais soupçonner le motif personnel qui m’a fait risquer ainsi ma vie.

Mais sur ce dernier point il comptait mal. Car un prisonnier que les gens de Whalley firent le lendemain, dit au major que les Québecquois veilleraient désormais à leur sûreté avec une prudence excessive. Et il raconta à Whalley l’attentat contre Mlle d’Orsy par un Anglais, dont il ignorait le nom, qui avait la veille au soir pénétré dans la ville.

— Tiens ! se dit le major, Harthing ne m’a point parlé de cette circonstance !

Or Whalley, qui était de Boston, avait eu vent de la passion de John Harthing pour Mlle d’Orsy quand elle avait quitté cette dernière ville.

Il fit aussitôt mander son lieutenant.

Celui-ci qui n’était pas préparé à cet interrogatoire, nia tout formellement lorsque Whalley lui demanda s’il n’avait pas essayé d’enlever une femme lors de son expédition de la veille.

Le major surpris de ces dénégations que semblait