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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Et Bras de-Fer se redressa.

— Va dire au lieutenant de ma compagnie des gardes, qui m’attend à la porte avec ses carabins, de venir avec eux pour emmener Boisdon. L’hôtelier logera dans la prison du château, jusqu’à ce que sa blessure lui permette de subir son procès devant la cour martiale.

Pierre obéit, et M. de Frontenac se tournant vers les deux jeunes gens :

— Maintenant, messieurs, vous allez venir tous deux coucher au château, ainsi que Mlle d’Orsy qui voudra bien y rester jusqu’à la levée du siège. Des voisines se chargeront d’ensevelir la vieille Marthe en votre absence. Allons.

Une foule curieuse encombrait la rue quand ils sortirent. La nouvelle des événements de la soirée s’était rapidement répandue ; et partant, comme dans la fable de la femme et du secret, dame rumeur avait amplifié les faits d’une incroyable manière.

Les commentaires allaient bon train parmi les bourgeois et mesdames leurs épouses, qui ne craignaient pas de rester dans la rue, la canonnade ayant de nouveau cessé.

— Est-il donc vrai, demandait M. Pelletier, marchand de fourrures, que la place a manqué d’être emportée d’emblée ?

— Mais certainement, répondait M. Poisson, brave épicier qui n’avait pas eu le temps de remplacer son bonnet de nuit par le chapeau pointu alors en usage.[1] Dans sa précipitation à s’habiller, il avait mis ses chausses sens devant derrière et sans remar-

  1. C’était le chapeau d’un bourgeois âgé à la fin du dix-septième siècle. Voyez Monteil.