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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

fini par reconnaître. Quant à vendre mon pays, je ne suis encore, Dieu merci, ni assez lâche, ni assez avare… et trop français pour y avoir jamais songé.

— C’est bien ! fit M. de Frontenac en s’avançant ; nous saurons constater la vérité quand tu seras traduit devant le conseil de guerre.

— Ah ! je suis perdu ! s’écria Boisdon qui s’évanouit de nouveau, épuisé qu’il était par la violence des sentiments et des sensations, ainsi que par ses efforts pour faire parler sa bouche plus haut que sa douleur.

La porte s’ouvrit alors et Bras-de-Fer entra.

— Eh ! demanda Louis à Pierre qui regardait Boisdon avec étonnement, as-tu retrouvé ton homme ? est-il mort ?

— Que je sois brûlé vif si ce n’est le diable en personne que ce goddam-là.

— Comment ?

— C’est qu’on n’a pas pu le retrouver. Il a dû s’enfuir ou s’envoler sur les ailes de Satan !

— Palsambleu ! il nous faut en finir avec cet homme ! s’écria François.

— Écoutez, Bienville, dit le comte. Si l’amiral continue à nous faire aussi peu de dommage avec son artillerie que la nôtre lui a déjà causé d’avaries, il cessera dès demain le bombardement pour se retirer avec ses vaisseaux. Le service de votre batterie devenant inutile, vous pourrez aisément vous joindre à ceux que j’enverrai tenir en échec l’ennemi campé à la Canardière. Alors, si vous rencontrez votre Anglais dans la mêlée…

— Ah ! pour le coup, nous verrons jusqu’où peut aller la chance diabolique qui le semble protéger !

— Pierre, dit le comte.

— Monseigneur ?