Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Tandis que je resterai dans l’ombre, interrogez-le, de manière à ce qu’il fasse des aveux.

Jean Boisdon gisait près de la porte d’entrée ; une mare de sang fraîchement répandu et qui tachait le plancher auprès de son corps, témoignait de la gravité de sa blessure.

À peine Bienville et d’Orsy se furent-ils approchés du blessé, que ce dernier ouvrit des yeux grands de terreur, se souleva sur le coude et les regarda fixement. Se laissant ensuite retomber en arrière, tandis que ce mouvement lui arrachait un cri de douleur, il joignit les mains et s’écria :

— Pardon ! messieurs, pardon ! ne me tuez pas ! ne me dénoncez pas et je vous avouerai tout !

Louis et François échangèrent un regard.

Boisdon qui suivait leurs mouvements, saisit ce geste et redoubla ses supplications.

— Grâce ! monsieur d’Orsy ! Pitié, monsieur de Bienville ! J’ai de grands torts envers la jeune demoiselle et vous deux ; je le sais, je le confesse. Mais pardonnez-moi, car j’en suis bien puni !

— Hein ! fit Louis à François, que penses-tu maintenant de ton sauveur ?

— Misérable ! dit Bienville à Boisdon, la Providence qui s’est chargée de déjouer les complots tramés par nos ennemis et toi, n’a pas voulu que tu échappasses au châtiment que tu mérites. Écoute, nous te tenons en notre pouvoir ; tu as conspiré notre perte, en retour nous avons le droit de te sacrifier à une vengeance légitime. Mais comme nous dédaignons descendre au rôle de bourreau, nous n’avons qu’un mot à dire aux autorités. Déjà nous avons des preuves assez convaincantes de ta culpabilité pour que ta perte soit certaine.