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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Dans une position bien gênante et précaire, monsieur le comte.

Et François lui raconta l’inutilité de son intervention et comment elle avait failli lui devenir funeste. Il ajouta qu’au moment où la mèche de la mine allait, mangée par la flamme, l’exterminer en embrasant la poudre, il avait entendu des cris et un coup de feu près de la maison ; et qu’un homme était venu s’abattre sur le cratère en éteignant la fusée.

— Si je vis encore, dit-il en terminant, après Dieu, c’est à cet homme que je le dois. Aussi…

— Ne t’empresse pas, dit Louis, de vouer une reconnaissance inutile à un individu qui est, je crois, un peu cause de ta mésaventure et de celle de ma sœur.

— Que veux-tu dire ?

— Je le soupçonne fort d’avoir aidé à l’accomplissement des projets sataniques de John Harthing. Un boulet dirigé par Dieu est venu déloger Boisdon du pied de la muraille près de laquelle il s’était blotti, et du même endroit que j’ai vu s’élancer Marie-Louise et son ravisseur.

— Et c’est sur lui qu’a tiré l’un des soldats de la patrouille avec laquelle vous reveniez de la basse ville ? demanda le gouverneur.

— Oui, monsieur le comte.

— Cet homme est-il mort ?

— Je ne sais pas. Mais il est facile de s’en assurer vu qu’il est encore dans la pièce voisine où j’ai eu soin de le faire transporter.

Un gémissement, prolongé se fit entendre de la cuisine.

— Le voilà qui donne signe de vie, dit le comte à voix basse. Il faut essayer de le faire un peu parler.