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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

se précipite vers l’homme étendu sur le plancher. Celui-ci remue vivement les yeux, mais sans pouvoir articuler un seul mot, vu qu’une poire d’angoisse lui distend violemment les mâchoires et lui obstrue la bouche. Louis le débarrasse aussitôt de ce bâillon.

L’autre pousse alors un grand soupir et reprend haleine avec la même volupté qu’un plongeur revenant à la surface de l’eau.

— Ah ! dis-moi, Louis, s’écrie Bienville, dois-je en croire mes oreilles ? Il m’a semblé entendre la voix de Marie-Louise. Serait-il donc vrai qu’elle aussi fût sauvée.

— Tiens, regarde et que tes yeux persuadent tes oreilles.

— François ! s’écrie Mlle d’Orsy qui n’écoute que son amour et s’élance vers son fiancé.

— Marie-Louise ! Oh ! merci, mon Dieu ! dit Bienville. Et il fait un effort inutile pour se relever, garrotté qu’il est encore.

Ses liens tombent en un moment sous des mains empressées.

Cependant l’une des personnes présentes laisse échapper un cri d’horreur après s’être approchée de la vieille Marthe. On se retourne, on accourt, et la pauvre femme apparaît affreusement mutilée. L’os de son crâne est nu et sanglant.

Chacun ressent un frisson d’horreur.

— Mais elle est morte ! dit Marie-Louise qui s’est penchée sur la vieille femme qu’elle regarde avec une douloureuse sympathie.

En effet la pauvre vieille n’avait pu résister au supplice atroce qui l’avait tuée.

— Oh ! les monstres ! s’écrie la jeune fille en fondant en larmes.