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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

de remarquer d’abord la présence inusitée, il examine la figure de l’homme étendu en travers du seuil ; tandis que Louise se penche avec anxiété, sans crainte du cadavre, pour constater si ce n’est point là Bienville.

— Eh ! s’écrie d’Orsy, c’est bien l’hôtelier Boisdon ! Mais quel est donc ce barillet qui sert d’oreiller à l’aubergiste ! Par la corbleu ! qu’est ceci ! s’écrie-t-il en écartant vivement du baril la chandelle. De la poudre !

Après avoir éteint et arraché la mèche, Boisdon en se débattant avait secoué le baril, de sorte que plusieurs grains de poudre étaient sortis par le trou vide de sa fusée.

— Or çà ! monsieur Harthing, vous en vouliez donc aussi à ma maison, continue d’Orsy qui soupçonne aussitôt la vérité. Prends cette lumière et éloigne-toi quelque peu, dit-il à un soldat.

Il saisit le baril, court vers l’endroit désert qui s’étendait alors depuis la rue Buade jusqu’à nos bâtisses actuelles du Parlement, et là, dépose tranquillement le redoutable engin. Et il revient sur ses pas.

Louis précédant ensuite les soldats et quelques curieux attirés par un bruit inusité dans la rue, entre dans la cuisine qu’il traverse, et se dirige vers la seconde chambre.

Quand ils ont pénétré dans la grande salle, la projection de la lumière que tient d’Orsy s’étendant jusqu’au fond de l’appartement, ils aperçoivent une femme et un homme qui, couchés par terre à quelque distance l’un de l’autre, ne donnent aucun signe de vie.

D’Orsy s’avance avec circonspection d’abord, puis