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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

sa sœur firent les quelques pas qui les séparaient de leur maison. D’Orsy marchait en avant et l’épée au poing.

Quand il atteignit le seuil de son habitation, il ne fut pas peu surpris de mettre le pied sur le corps d’un homme étendu insensible au bas de la porte.

— Par ma foi ! qu’est-ce que c’est que ça ! s’écrie-t-il.

— Mon Dieu ! c’est lui ! il l’ont tué ! dit Marie-Louise.

— Eh non ! repart Louis ; c’est probablement l’homme qui courait si fort et sur lequel un des soldats a tiré.

— En effet, remarque quelqu’un de la patrouille, nous avions oublié ce particulier que l’absence de lumière nous empêche de reconnaître. Il est vrai qu’il était moins à craindre que l’autre qui nous a tué deux hommes.

— Je vais chercher une lumière à l’intérieur reprend Louis ; nous verrons ensuite quel est cet individu. Ce doit être un complice de Harthing, car tous deux étaient blottis au même endroit, de l’autre côté de la rue. N’entre pas maintenant, Louise.

D’Orsy enjambe par dessus l’homme qui obstrue le seuil, se heurte contre le baril de poudre, et, après avoir fait trois pas à tâtons dans la cuisine, met le pied sur un petit corps rond et mou. Il se baisse et rencontre sous sa main la chandelle éteinte et rejetée dans la maison par Dent-de-Loup. L’heureux âge des allumettes phosphoriques n’ayant pas encore lui sur la terre, Louis s’empresse de battre le briquet, rend à la bougie sa vie de flamme, et revient vers la porte.

Il abaisse alors sa lumière et la déposant sur l’un des bouts du baril dont sa préoccupation l’empêche