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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Mlle d’Orsy vient de m’assurer que l’Anglais avait un sauvage pour compagnon.

Pierre s’éloignait déjà.

— Quand tu sauras à quoi t’en tenir sur le sort de ton homme, reviens m’en faire part.

— Comme de raison, mon lieutenant, répondit Pierre Martel qui, après avoir fait volte-face à la militaire, reprit le chemin de la basse ville au pas accéléré.

— Toi, dit Louis à un autre soldat, cours au château, et dis ou fais dire à M. de Frontenac que je viens de constater la présence de deux ennemis dans la ville ; de la sorte, il donnera ses ordres pour prévenir une surprise.

— Rentrons, je t’en supplie ! dit à voix basse Marie-Louise à son frère. Peut-être se meurt-il en ce moment ! Et c’est pour moi, c’est pour me sauver qu’il est ainsi venu tomber sous leurs coups ! Mon Dieu ! mon Dieu !

— Voyons, Louise, ne te désespère pas inutilement ainsi. As-tu vu Harthing où le sauvage frapper ton fiancé ?

— Non. Je me suis évanouie comme l’Iroquois garrottait M. de Bienville. Après cela, je n’ai rien vu, rien entendu. Je n’ai repris connaissance que dans la rue et juste assez tôt pour m’échapper d’entre les bras de ce monstre d’Anglais !

— Oh ! s’ils ont pris la peine de lier François, tu peux être sure qu’ils ne l’ont pas tué. Viens, mais tiens-toi près de moi.

Et suivis des quelques hommes de la patrouille qui se trouvaient encore auprès d’eux — quatre soldats transportaient en ce moment au prochain corps de garde les deux hommes tués par Harthing, — Louis et