Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Ces chiens de faces pâles auront envoyé quelque balle dans l’écorce de la pirogue et sous l’eau, dit l’Iroquois en se baissant pour trouver la fissure.

Mais il y a déjà trop d’eau dans le canot pour qu’il soit facile, à tâtons, de découvrir l’avarie. Aussi Dent-de-Loup se relève-t-il bientôt en disant :

— Pagayons vers la gauche, là où mon frère peut voir un îlot à cent pieds de nous. Si nous pouvons l’atteindre avant que la pirogue ne s’enfonce, nous réparerons peut-être le dommage causé par les visages pâles.

Mais par suite des efforts qu’ils font pour ramer avec plus d’énergie, le canot, enfoncé déjà jusqu’au bordage, vacille fortement. Aussi dans une de ces oscillations, le flot y entre-t-il tout d’un coup par dessus le bord. Et la pirogue de disparaître en s’enfonçant sous la vague.

Harthing et Dent-de-Loup se mettent à nager aussitôt et gagnent cette petite île de sable et de vase que le reflux laisse à découvert près de l’embouchure de la rivière Saint-Charles.

Une fois là, pourtant, leur position n’est guère plus enviable, car la marée qui monte va bientôt recouvrir l’îlot sur lequel ils ont pris pied ; sans compter qu’il leur reste encore plusieurs arpents à franchir à la nage, avant d’atteindre la rive nord.

À peine se sont-ils reposés quelques minutes que le flux envahisseur vient les forcer de quitter leur lieu de refuge momentané.

Alors ils entrent de nouveau dans la rivière et se dirigent en nageant vers la rive opposée à celle de la ville.

Harthing n’est cependant pas aussi bon nageur que Dent-de-Loup ; et, brisé déjà par la chute extraordi-