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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Place ! lui dit Harthing, en armant son second pistolet.

Pierre a vu ce mouvement et se jette de côté au moment où le coup part. La balle effleure l’oreille du Canadien qui se précipite sur son ennemi. Celui-ci s’efforce de poignarder Bras-de-Fer.

Malheureusement pour ce dernier, l’étroit espace où a lieu la lutte étant inégal, il perd pied sur un accident du terrain et tombe à la renverse.

— Meurs donc, chien ! crie l’Anglais qui porte un coup terrible à son adversaire.

Mais la rage aveugle de Harthing tourne au profit du Canadien ; car le poignard mal dirigé ne fait que glisser sur ses côtes et labourer la chair qui les recouvre.

Oh ! satané gredin ! s’écrie Bras-de-Fer, en renversant son ennemi sous lui ; puis il le saisit d’une main par la nuque du cou, tandis que de l’autre il retient le bras droit de l’Anglais qui ne peut alors se servir de son arme. Et le Canadien se relève en tenant toujours Harthing au bout de ses bras puissants.

Celui-ci tente un dernier effort ; il s’accroche les pieds à un tronc d’arbre et imprime une si violente secousse à son corps que le canadien se sent glisser avec lui sur la pente rapide du cap.

Mais dans sa chute, Pierre rencontre le tronc d’arbre qui vient de servir à l’Anglais et s’y retient d’une main ; ce qui le contraint pourtant de lâcher le bras armé du lieutenant qui se tord à cent pieds au dessus de l’abîme, écume et blasphème comme un démon.

Le feu d’un obus qui éclate au proche fait luire le poignard qui menace encore la poitrine de Bras-de-Fer, lorsque le géant, qui retient toujours Harthing par le