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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Eh ! l’ami ! arrêtez ! mordieu ! crient ses camarades.

Mais l’hôtelier ne se rend point à cet ordre.

— Feu sur lui ! commande Louis d’Orsy, le chef du détachement.

L’un des soldats tenait son mousquet en joue. Le coup part.

Boisdon n’est plus qu’à trois pas de la maison de Louis d’Orsy, quand la balle du mousquet vient lui casser une jambe. Emporté par son élan, il tombe dans la porte entrouverte de la demeure du lieutenant. Sa tête frappe le baril de poudre dont la fusée brûle toujours.

— Ah ! mon Dieu !… ce baril de poudre !… la mort !… s’écrie Boisdon qui, de ses mains désespérées, presse, étreint, arrache la mèche fumante qu’il rejette au-dehors.

Cependant, Harthing et Dent-de-Loup qui n’ont pu arrêter Boisdon, sont restés couchés sur la terre, au pied de la muraille. Ils retiennent jusqu’à leur haleine, de peur d’être entendus.

— Très bien ! pense Harthing en voyant tomber Boisdon sous le coup de feu du soldat ; tant mieux, il ne nous verront point ! Leur attention va se porter sur ce bélitre d’aubergiste. Ah ! si ce damné d’Orsy, qui commande la patrouille, se doutait… Malédiction !

Marie-Louise que les cris et le coup de feu avaient tirée de son évanouissement, à l’insu de son ravisseur, vient de s’échapper des bras de ce dernier. Elle aussi a reconnu la voix de son frère. Avec la force et la rapidité que donne le désespoir, elle bondit, s’élance et court vers Louis d’Orsy en jetant des cris perçants.