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CHAPITRE ONZIÈME.



boisdon s’agite et dieu le mène.


Revenons à Jean Boisdon que nous avons laissé se morfondant de peur près de la clôture de l’évêché.

Cinq minutes ne s’étaient point écoulées depuis que l’hôtelier avait vu Bienville s’approcher de la maison du lieutenant d’Orsy, puis y pénétrer après Harthing et Dent-de-Loup, qu’un nouveau bruit de pas vint désagréablement résonner à son oreille. Mais ceux qu’il entendait cette fois étant plus sonores et moins réguliers, il en conclut que plusieurs personnes devaient s’avancer de son côté ; raisonnement qui se confirma quand il entendit après des sons de voix entrecoupés et confus.

— L’Anglais et le sauvage auront une fière chance s’ils s’en retournent les mains nettes, pensa-t-il. Eh ! mais, mon Dieu ! s’ils allaient être poursuivis et qu’on vînt à me découvrir ici ! Ah ! par St. Jean, mon patron, je me suis mis en de beaux draps ! Je donnerais bien — il mit la main dans la poche de son haut-de chausses et tâta l’or que venait de lui donner l’Anglais — je donnerais bien… l’une des pièces contenues dans cette bourse, pour être à cette heure couché auprès de Javotte. Car, bien qu’elle soit jalouse, partant revêche, ma pauvre femme, et qu’elle semble se complaire à faire de notre lit le théâtre de nos querelles domestiques, j’aimerais