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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Bienville avant même qu’il ait eu le temps de porter un seul coup de pointe à ses ennemis.

La vieille Marthe veut appeler au secours ; elle se lève, jette un cri sourd et tombe évanouie de frayeur.

Dent-de-Loup sort de sa gaine un long couteau à scalper, en appuie la pointe acérée sur la poitrine de Bienville et interroge Harthing du regard.

— Non ! répond celui-ci, pas devant cette jeune femme. D’ailleurs, la poudre que tu as apportée nous en débarrassera plus vite. Entendez-vous, galant chevalier, dit-il à Bienville, ce baril contient vingt livres de poudre, et, dans cinq minutes, vous sauterez bravement dans les nuages comme un soldat sur un bastion miné ! J’en suis bien fâché, mais pourquoi diable aussi vouloir intervenir entre cette femme et moi !

Et, sans s’occuper de Bienville qui se tord, impuissant, dans ses liens, il se retourne vers Dent-de-Loup. Celui ci va scalper la servante.

C’était une horrible scène.

Ici Bienville se roulant à terre dans une rage folle, les artères du cou gonflés, les muscles tendus et les yeux rouges de sang ; là, Harthing les traits contractés par toutes ses passions mauvaises et dévorant de son regard de feu Marie-Louise qui vient de perdre connaissance. Plus loin Dent-de-Loup qui, après avoir fait décrire à la pointe de son couteau un cercle rapide sur la tête de Marthe, retient entre ses dents la lame ensanglantée dont il vient de se servir ; et posant son pied droit sur le dos de la pauvre femme, la saisit par la chevelure qu’il arrache violemment par une brusque secousse, en laissant nu l’os du crâne.

Pour éclairer cet affreux tableau, une chandelle