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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

tombe comme un boulet au milieu de la chambre, en criant :

— Damnation !

C’est Bienville, lui que Boisdon vient de voir s’arrêter près de la demeure du lieutenant Louis.

On se souvient que François avait quitté seul le quai de la reine pour revenir à la haute ville. Battu de mille inquiétudes au sujet de sa fiancée, il avait pris à la hâte le chemin de la demeure de Marie-Louise. Il n’était plus qu’à vingt pas de la maison, lorsqu’il vit deux ombres sortir du sol, et bondir à l’intérieur de l’habitation de son amie en forçant une des croisés qui donnaient sur la rue.

Il accourt, approche ses yeux ardents de la fenêtre que l’on a vitement refermée, et, voit John Harthing auprès de sa fiancée dont la pâleur atteste l’effroi. Il va s’élancer, cédant au premier mouvement de son cœur ; et pourtant comme la réflexion lui vient en aide, il se contient et attend.

Mais lorsqu’il a vu son rival abhorré prêt à porter sur Marie-Louise des mains violentes, il rugit, bondit et tombe dans la maison l’épée au poing.

— Ah ! attends un peu, infâme ! s’écrie Bienville d’une voix étranglée par l’exaspération ; nous allons voir si tu peux aussi bien manier l’épée que violenter une femme. Oh ! je te tiens enfin, misérable !

— Pas encore, mon cher monsieur ! répond Harthing avec un ricanement satanique. Et, sans prendre la peine de dégainer, il fait un signe à Dent-de-Loup.

Celui-ci que François n’a pu voir en entrant saisit ce dernier par derrière, le terrasse traîtreusement ; et, avec l’aide de l’Anglais, il garrotte et bâillonne