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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

pas de loup vers la demeure de Louis d’Orsy, tandis que l’aubergiste se recouchait sur le sol pour attendre leur retour.

L’hôtelier entendit bientôt, en frissonnant de tous ses membres, le bruit d’une fenêtre que l’on ouvrait précipitamment et qu’on refermait de même de l’autre côté de la rue ; au même instant des pas qui venaient de la côte de la basse ville, se rapprochèrent graduellement de la place où il était blotti. Puis ses yeux habitués aux ténèbres, distinguèrent un homme qui, en le dépassant, remonta la rue Port-Dauphin, s’engagea dans la rue Buade et alla s’arrêter sous la fenêtre par laquelle Harthing et Dent-de-Loup venaient de s’introduire dans la demeure du lieutenant d’Orsy.

Mais laissons Boisdon exhaler par tous les pores de sa peau les sueurs froides de la terreur, et transportons-nous chez Mlle d’Orsy que nous avons par trop négligée depuis quelque temps.

D’après les ordres de son frère, notre héroïne avait dû se réfugier, durant l’après-midi, au couvent des Ursulines ; car la petite maison de la rue Buade était trop exposée aux atteintes du boulet, pour que Louis permit à sa sœur d’y demeurer pendant le bombardement.

Mais le feu de la flotte ayant cessé vers le soir, Marie-Louise était revenue chez elle avec la vieille Marthe que les détonations successives du canon avaient beaucoup effrayée et qui tremblait encore de tous ses membres.

Quand Marie-Louise eut pris le repas du soir et préparé, avec Marthe, celui de son frère qu’elle attendait d’un moment à l’autre, il était passé neuf heures.