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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

entrer dans la ville ; c’est à-dire au dessous des bâtisses de l’évêché. L’ascension du roc se fit sans obstacles ; après quoi, les deux hommes se glissèrent comme des couleuvres dans la cour de l’évêché, qu’ils traversèrent sans fâcheuses rencontres, et vinrent s’arrêter à l’endroit où les murs de clôtures du Séminaire et du palais épiscopal se réunissaient. Ici le Chat-Rusé imita doucement le parler sentimental d’un chat maraudeur.

Le même signal répondit au sien de l’autre côté du mur que Dent-de-Loup se hâta d’escalader ; et Harthing de rejoindre aussitôt son compagnon qu’il trouva conversant à voix basse avec un tiers. Instinctivement, l’officier porta la main au poignard dont il était armé.

— Ce visage pâle est notre ami le vendeur d’eau de feu, dit le sauvage qui remarqua ce mouvement.

— Ah ! charmé de vous rencontrer ici, monsieur Boisdon, dit Harthing à voix basse.

— Vraiment ! repartit l’hôtelier ; moi je vous assure que cela ne me va pas autant, bien que je ressente un honneur infini de toucher la main de milord. Car, outre que je grelotte ici depuis une heure, il m’a fallu rester caché en cet endroit, frôlé à chaque instant par les patrouilles qui parcourent la ville en tous sens.

— Eh bien ! voici pour vous récompenser de vos peines, et des dangers que vous avez courus à notre service, fit Harthing en lui présentant une bourse pesante dont l’avare Boisdon se saisit avec plus d’empressement qu’il n’avait fait de la main de milord, comme il appelait l’Anglais. Mais attendez ici notre retour, et faites bonne garde, ajouta Harthing.

Le sauvage et son compagnon marchèrent alors à