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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

personne n’en a été blessé ; nous en avons été quittes pour la peur. »

Le fait suivant, rapporté dans l’histoire de l’Hôtel-Dieu, explique, jusqu’à un certain point, l’inhabilité remarquable des artilleurs anglais. Il paraît que ces derniers ayant aperçu le tableau de la Sainte-Famille suspendu au clocher de la cathédrale, interrogèrent encore leurs prisonnières à cet égard. Celles-ci leur répondirent que ce n’était sans doute qu’un pieux talisman que les fervents catholiques de la ville avaient placé là pour la protection de leurs personnes et de leurs demeures.

Les susceptibilités religieuses des marins et des soldats protestants qui montaient la flotte anglaise, s’irritèrent de ce que nos frères dissidents ont toujours appelé une grossière superstition. Et le tableau servit de but à leurs projectiles comme à leurs railleries. Mais en vain ces nouveaux iconoclastes pointèrent-ils leurs pièces avec le plus grand soin et tirèrent-ils un grand nombre de coups sur le cadre, aucun projectile n’atteignit son but. Cela fit que tous leurs boulets qui prirent cette direction élevée passèrent par dessus la ville, et allèrent s’enfouir inoffensifs dans le terrain alors inoccupé de nos faubourgs.

Mais tandis que les ennemis perdent leur temps et leurs munitions de la sorte, nos artilleurs canadiens, loin de tirer comme eux leur poudre aux moineaux, pointent en plein bois sur les flancs rebondis des vaisseaux anglais.

Les deux batteries servies par MM. de Maricourt et de Sainte-Hélène font surtout des merveilles.[1]

  1. Voyez M. Ferland, 2e vol. p. 225.