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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

effets de la sienne soient aussi dommageables à la place assiégée. Bien au contraire, jamais ville bombardée ne souffrit moins du boulet. À peine y eut-il quelques hommes blessés dont un seul mourut. Ce dernier était un écolier ; il fut atteint par un boulet qui le frappa après avoir ricoché sur le clocher de la Cathédrale.[1]

La Hontan rapporte que durant tout le bombardement qui dura la plus grande partie de l’après-midi du dix-huit pour recommencer le matin et finir le soir du dix-neuf, c’est à peine si les projectiles ennemis firent pour cinq à six pistoles de dommage aux maisons.

Et pourtant, il devait pleuvoir des boulets par toute la ville, puisque la sœur Juchereau de St. Ignace raconte, dans l’histoire de l’Hôtel-Dieu, qu’il en tomba tellement sur le terrain des révérendes mères, que celles-ci « en firent tenir jusqu’à vingt-six en un jour à ceux qui avaient soin des batteries, pour les renvoyer aux Anglais. »

Aux Ursulines, un boulet rompit la fenêtre et le volet d’un dortoir et vint, sans respect pour cet inviolable asile, tomber au pied du lit d’une jeune pensionnaire. Un autre projectile, non moins impudent, souleva puis emporta gaillardement le coin du tablier de l’une des sœurs.[2] « Quantité d’autres boulets, » dit la narratrice des annales de la communauté, « sont tombés dans nos cours, jardins et parcs ; mais par la grâce et protection de Dieu,

  1. Manuscrit de la « Société Historique, » intitulé : « Récit de ce qui s’est passé en Canada au sujet de la guerre tant des Anglais que des Iroquois, depuis l’année 1682 jusqu’à 1712. »
  2. Historique. Voyez les annales dus Ursulines.